Le Bouissel – Un vin digne des grands honneurs?

À chaque année, la revue britannique Decanter sort son classement des meilleurs vins dégustés par leurs experts durant les 12 derniers mois. Plusieurs catégories sont au menu (Meilleur mousseux, meilleur Pinot Noir, Meilleur Cabernet,etc). La plupart de ces catégories ont 2 gagnants: le meilleur vin sous la barre des 15£ et meilleur au-dessus de 15£. Les détails du concours.

Dans les 35 vins ayant reçcu un prix dit ‘international’ se retrouve un vin quasiment inconnu de tous, d’une appellation ne recevant que très rarement de récompenses et d’attention.

Selon Decanter, le meilleur vin en assemblage rouge sous la barre des 15£ est : Le Bouissel 2011, du chateau éponyme, de l’appellation Fronton, dans le Sud-Ouest de la France.

L’appellation d’origine controlée Fronton est reconnue pour l’utilisation presque exclusive à la région du cépage Négrette. On y retrouve de beaux vins, rarement manqués mais rarement exceptionnels également.

Je dois partager ma surprise avec vous. Un Fronton comme meilleur assemblage en rouge ? Mondialement? Ah bon.
J’étais encore plus surpris de retrouver ce vin sur les tablettes de la SAQ.  Pour 20.85$ can, je pouvais donc déguster un vin ayant reçu un très grand prix. Plus de 240 juges participent de cette évaluation, dont plusieurs ‘Master Sommelier »

J’ai donc succombé à la tentation et j’ai acheté quelques bouteilles de ce vin, afin de vérifier s’il était exceptionnel au point de recevoir de si grands honneurs. En fait, j’étais surtout curieux à savoir si j’aurais donné une note exceptionnelle à ce vin selon mes critères.

Vendredi soir dernier, j’ai donc refroidi une de ces bouteilles, et ensuite, doucement pendant un souper tranquille (poivrons farcis au millet et pois chiches), j’ai dégusté et analysé ce vin mystérieux.

Premières impressions

À prime abord, ce n’est pas un vin qui charme aux premières secondes.
Le nez , net mais discret, ne laisse pas présager énormément de fruits.
En bouche, une certaine acidité est présente, sans être trop déplaisante. Ensuite, des notes de boisé, de terre et un peu de tannins prennent place. Peu sinon pas de notes fruitées. Une assez longue persistance , aromatique et gustative , m’a surprise pour un vin si peu arômatique en attaque.

Je vous ne cacherai pas que les deux premières gorgées analysées m’ont un peu déçues. Je m’attendais peut-être trop à un vin balancé, fin, subtile charmeur; j’avais devant moi un vin assez rustre et manquant un peu de finesse. Pas manqué, mais pas exceptionnel du tout.

Je me suis même dit: Et bien Decanter, c’est tout ce que vous avez réussi à déterrer pour votre meilleur vin rouge en assemblage?

La soirée a avancé, et après environ une heure suivant mon souper, j’ai repris un autre verre de ce Bouissel 2011. La bouteille était ouverte, pourquoi pas un autre verre avant de clore la soirée?
Et bien, je suis bien heureux d’avoir redonner une chance à ce vin. Après avoir respiré, après avoir réagi un peu avec l’extérieur, ce vin se transforme. Les fruits noirs (cerise, pruneau cuit), une touche de réglisse, une touche de fumée sont apparus. Les tannins se mêlaient mieux et l’acidité semblait déjà moins vive, plus balancée. Le temps avait fait son travail de manière éclatante.

Conclusion

Je ne dirais pas, loin de là, que c’est le meilleur vin dégusté lors des 12 derniers mois, même si son prix (20$) est très abordable. Toutefois , je peux comprendre qu’un panel de juges ait trouvé à ce vin de belles qualités.

Toutefois, ils ont dû être mieux servis et avertis que moi: Ce vin n’est pas fait pour être dégusté immédiatement après l’ouverture de la bouteille. Je vous suggère une bonne heure de carafage avant le service. Si vous n’avez pas de carafe mais êtes en possession d’un aérateur, utilisez-le abondamment. Ce vin à deux visages dévoile son meilleur profil après oxygénation. Sans contredit.

J’accorderais ce vin avec des grillades de viandes blanches, tel que du porc en sauce ou même des boulettes d’agneau aux herbes.